Comment les établissements se sont-ils emparés du volet logiciels de la politique nationale en faveur de la science ouverte ? Quelles actions, quelles organisations, quels bénéfices pour quels besoins et quels usages ? Tel était le thème du 10e numéro des webinaires Parlons science ouverte proposé le 12 décembre 2024 au cours duquel les retours d’expérience de l’Université Sorbonne Paris Nord et de l’Université Grenoble Alpes (UGA) ont été présentés.
Nous avons eu le plaisir d’accueillir les interventions de Violaine Louvet (collège Logiciels du CoSO), Jaime Arias (CNRS, LIPN, Université Sorbonne Paris Nord et Ambassadeur Software Heritage), Karim BOUALEM (Université Sorbonne Paris Nord) et Lucie Albaret (UGA).
Ce billet propose une synthèse des présentations de la 10e édition de “Parlons Science ouverte”.
Les logiciels de recherche sont essentiels pour garantir la transparence, la reproductibilité et la diffusion des résultats scientifiques. En France, le second plan national pour la science ouverte réaffirme ce rôle en promouvant une politique ambitieuse pour soutenir et valoriser les logiciels libres comme des productions scientifiques à part entière. Cette position stratégique vise à renforcer l’impact des logiciels sur la recherche, en intégrant des outils comme HAL pour la gestion des données.
Violaine Louvet a exposé le cadre national en matière de logiciels libres, notant que leur développement est intrinsèquement lié à l’univers académique depuis les années 70. Avec la création en 2021 d’un prix national pour le logiciel libre de recherche, une attention accrue est donnée à la reconnaissance des contributions des logiciels dans l’évaluation de la recherche. Ce cadre vise à établir des politiques favorables à la production et à la diffusion des logiciels au sein des établissements de recherche. Ce prix est un levier important pour la reconnaissance des efforts d’ingénieurs et de chercheurs dans le développement logiciel, tout en intégrant des réflexions sur l’évaluation de ces contributions dans les carrières académiques.
La création d’un catalogue national des logiciels issus de la recherche permettra de référencer et de valoriser les productions logicielles. Ce catalogue vise à répondre aux attentes des communautés scientifiques, et à simplifier l’écosystème pour les chercheurs et chercheuses afin d’améliorer l’accessibilité et l’utilisation des ressources logicielles.
Jaime Arias a présenté le rôle crucial dans la préservation des logiciels de recherche de Software Heritage – bien connu des utilisateurs et utilisatrices de HAL. Les données montrent que près de 60 % des publications en biologie et 55 % en informatique s’appuient sur des logiciels, soulignant la nécessité de garantir leur accès et leur conservation pour assurer la pérennité de la recherche. Software Heritage est essentiel pour soutenir le partage des connaissances et la réutilisation des ressources au sein de la communauté scientifique.
Quel rôle peuvent jouer les services d’appui à la recherche des bibliothèques ? Karim Boualem a mis en avant la position stratégique des bibliothèques universitaires (BU) dans la promotion de la Science Ouverte. Le SCD de l’université Sorbonne Paris Nord a joué un rôle déterminant dans la structuration de la politique science ouverte de l’établissement, concrétisée par une charte, réactualisée en avril 2024 pour prendre en compte notamment l’ouverture des logiciels. Le SCD apporte son expertise en matière de métadonnées, de curation, ainsi que dans l’animation du réseau Science Ouverte. Enfin, la passerelle entre HAL et Software Heritage représente un outil clé pour encourager les 30 unités de recherche, aux profils disciplinaires variés, à s’engager dans la diffusion ouverte des logiciels.
Ce point est également souligné par Lucie Albaret, qui a présenté les différents acteurs de l’UGA mobilisés pour offrir des services personnalisés en matière de gestion des données et des codes tout au long du cycle de vie de la recherche. Parmi les dispositifs mis en place, on peut citer la médiation, l’organisation de formations, ainsi qu’un site web dédié à la science ouverte, enrichi d’une section spécifique consacrée aux codes logiciels. La modération des jeux de données sur la plateforme recherche.data.gouv constitue par ailleurs un levier incitatif pour encourager les chercheurs et chercheuses à déposer leur code sur HAL.