Le 9 septembre dernier, Episciences a eu le plaisir d’accueillir Fabian Henning pour présenter le programme KOALA, projet novateur œuvrant au financement des revues en accès ouvert diamant. Un webinaire, destiné en priorité aux professionnels des bibliothèques universitaires et centres documentaires, a permis de situer KOALA dans le paysage de l’accès ouvert Diamant, d’expliquer les critères de sélection des panels thématiques, et de mettre en lumière les revues candidates au financement pour 2026-2028.
Diversifier les financements pour soutenir l’accès ouvert Diamant
R. Tournoy a rappelé dans un premier temps que le modèle de l’accès ouvert Diamant, qui fonctionne sans frais pour les auteurs et pour les lecteurs, suppose que ses infrastructures puissent diversifier leurs sources de financement. Outre l’efficience inhérente à la mutualisation des ressources produite par le modèle overlay, l’activité d’Episciences repose sur les contributions suivantes :
- Soutien principal des organismes de tutelle du CCSD (CNRS, Inria, Inrae) ;
- Subventions par projets (Europe, Fonds national pour la science ouverte, etc.) ;
- Financements institutionnels ponctuels ou récurrents des universités et organismes de recherche, coordonnés par le consortium Couperin par exemple, ou SCOSS ;
- Financements des revues, notamment via des initiatives comme le programme KOALA.
KOALA est donc un programme qui permet de situer le financement de la publication en accès ouvert Diamant à la granularité de la revue.
Les solutions proposées par KOALA : favoriser l’engagement des bibliothèques en faveur de revues alignées avec les standards internationaux de la science ouverte
Ainsi que l’a exposé F. Hennig, le programme facilite le travail d’identification des revues finançables, et fournit des solutions administratives pour que les institutions puissent attribuer facilement des fonds à ces revues.
Les critères de sélection pour que les revues fassent partie des bundles sont alignés avec ceux du Plan S et avec les principes de transparence et de bonnes pratiques dans l’édition scientifique. Ils sont organisés en quatre dimensions :
- Copyright et licences (rétention des droits, CC BY),
- Exigences techniques, métadonnées, indexation (ISSN, PID, etc.),
- Financement (sans APC, transparence),
- Process éditoriaux, assurance qualité, orientation du contenu (peer review, comités éditoriaux).
Les contributions à un bundle sont organisées selon un principe de segmentation dépendant de la taille de l’institution contributrice. Les participations vont de 200 euros à 2000 euros par an, pour un bundle. Un bundle est constitué pour trois ans, si bien que les contributeurs doivent s’engager pour cette durée. L’institution contributrice reçoit ainsi une seule facture annuelle de TIB (Centre d’information scientifique et technique de l’université de Leibniz), sur l’année en cours pour faciliter les gestions de budget, et les revues ont la garantie d’un financement pendant trois ans. F. Hennig précise que les financements permettent aux revues de mener à bien des activités telles que la conception d’une mise en page professionnelle, la composition, la relecture ou encore la diffusion.
Soutenir le paysage de la recherche française grâce à KOALA
Les statistiques du programme montrent que KOALA soutient des auteurs français (7% des affiliations des auteurs pour l’ensemble des publications dans les revues soutenues par KOALA). Mieux encore, 22% des publications du panel de Mathématiques de 2026-2028 sont françaises.
Le bundle de Mathématiques 2026-2028 se compose ainsi de quatre revues, qui publient à elles quatre environ 190 articles par an :
- Journal of Groups, complexity, cryptology (jGCC)
- Journal of Nonsmooth Analysis and Optimization (JNSAO)
- Annales Henri Lebesgue
- Comptes Rendus Mathématique
Les quatre revues sont publiées grâce à des infrastructures françaises : les deux premières sont diffusées sur Episciences (CCSD-CNRS/Inria/INRAE), et les deux autres via la plateforme du Centre Mersenne (UGA-CNRS).
S’engager pour les valeurs de la science ouverte
La sélection par KOALA vient confirmer et reconnaître l’engagement des revues et de leur plateforme de publication. Journal of Groups, complexity, cryptology (jGCC) a choisi ainsi de quitter un éditeur commercial pour sortir du fonctionnement par APC, comme en témoigne Murray Elder, son directeur de la publication :
“Pendant dix ans, la revue était publiée par un éditeur commercial. Un comité éditorial et des évaluateurs bénévoles géraient le contenu scientifique tandis que l’éditeur s’occupait du site, des soumissions et des versions finales des articles. En 2019, cet éditeur a choisi de mettre en place un système d’auteur-payeur, ce qui a poussé le comité éditorial à chercher un autre moyen de publier sa revue. Après avoir pesé différentes options, nous sommes arrivés à Episciences et au modèle overlay, qui pouvait fournir un accès ouvert Diamant pour nos articles, gérer notre présence en ligne, la soumission et les étapes du processus éditorial, tout en maintenant la même charge de travail pour le comité éditorial et les évaluateurs bénévoles.
Nous sommes très satisfaits du service fourni par Episciences, et notre revue a pu continuer son activité. La question du maintien de l’indexation du journal chez Scopus et Web of Science de Clarivate a pu être résolue récemment : il aura fallu quelques années pour que ces services commerciaux reconnaissent la revue.”
Christian Clason, directeur de la publication de JNSAO, confirme quant à lui que l’indépendance de la revue, et la garantie d’une gestion par la communauté scientifique, sont des éléments fondamentaux pour son équipe.
“Ce que j’apprécie chez Episciences – outre le modèle overlay – c’est la façon dont leur projet s’aligne avec nos propres idées pour remettre l’édition scientifique aux mains de la communauté scientifique. Il s’agit d’une infrastructure de recherche, financée par des fonds publics (et je suis vraiment reconnaissant au gouvernement français de l’avoir lancé et soutenu bien avant qu’il soit aussi évident que l’édition commerciale posait des problèmes fondamentaux), développée en open source et administrée par des personnes qui sont réellement passionnées par l’édition en accès libre Diamant.”
Pour participer au bundle en cours, la période de contribution est ouverte jusqu’au 30 septembre. A noter qu’il est toujours possible de contribuer à un bundle d’une autre thématique, s’il est toujours actif, et ce même si la pledging phase est achevée.
Le projet KOALA est développé depuis 2021 par TIB (Centre d’information scientifique et technique de l’Université de Leibniz) et KIM (Bibliothèque universitaire de l’université de Konstanz). Le programme a déjà contribué au financement d’une vingtaine de revues, dont cinq sont publiées sur la plateforme Episciences.