La revue JTCAM : un exemple de revue en libre accès diamant

Écrit par Stéphanie Chaillat

L’Institut Polytechnique de Paris a organisé sa première édition de l’Open Access Week en proposant début novembre 2024 une série d’animations autour des questions de science ouverte, parmi lesquelles des témoignages de scientifiques. Le modèle diamant et la revue JTCAM, diffusée sur Episciences, étaient au programme avec une présentation de Stéphanie Chaillat, chercheuse au laboratoire POEMS et membre du comité éditorial de la revue.

La science ouverte représente aujourd’hui un enjeu majeur pour la communauté scientifique, visant à diffuser les connaissances de manière durable et accessible à tous. J’ai accepté de participer à ce webinaire organisé par l’Institut Polytechnique de Paris pour partager mes motivations à rejoindre ce mouvement, notamment à travers mon rôle au sein de la revue JTCAM (Journal of Theoretical, Computational and Applied Mechanics). JTCAM est une revue en accès ouvert diamant, gérée via la plateforme Episciences, qui ne demande aucun frais ni aux auteurs ni aux lecteurs. Mais au-delà de ce modèle sans frais, la véritable force de JTCAM réside dans ses initiatives concrètes en faveur de la science ouverte.

La revue applique les principes FAIR pour rendre les ressources numériques faciles à trouver, accessibles, interopérables et réutilisables. Il promeut également la science reproductible en recommandant aux auteurs de rendre publics leurs codes sources, algorithmes et ensembles de données associés. Pour cela, un accompagnement technique pour utiliser des plateformes comme Zenodo (données et logiciels de recherche), PANGEA (sciences de la Terre et de l’environnement) et Software Heritage (archivage des logiciels) est mis à disposition des auteurs. Le processus d’évaluation scientifique de JTCAM est particulièrement exigeant. Chaque article fait l’objet d’au moins deux rapports d’experts, qui, tout comme les différentes versions des articles, sont rendus publics sur HAL. Ce modèle valorise ainsi le travail collaboratif et met en avant la contribution des relecteurs. Ces démarches de transparence renforcent à la fois la rigueur scientifique et la confiance dans les résultats publiés. Pour aller jusqu’au bout de notre démarche et en cohérence avec notre engagement pour la science ouverte ainsi que notre haut niveau d’exigence, nous avons décidé de ne pas utiliser les systèmes d’indexation propriétaires tels que Scopus ou Web of Science, dont les principes vont à l’encontre des valeurs que nous défendons.

Après quatre ans d’existence, nous sommes fiers du modèle que promeut JTCAM. Toutefois, le nombre de publications demeure encore limité. Cette situation est en partie liée à l’impact excessif des indicateurs chiffrés, qui restent trop présents dans l’évaluation de la recherche, un système que des initiatives comme DORA ou CoARA s’efforcent de réformer. Par ailleurs, certaines tâches essentielles, telles que la mise en page des articles ou l’accompagnement des auteurs pour la publication de leurs codes et données, demeurent chronophages. Ce mode de fonctionnement artisanal complique l’extension de ce modèle, pourtant crucial pour son développement et son impact à grande échelle. Si nous apprécions sincèrement le soutien moral de nos institutions, qui est essentiel pour encourager nos initiatives, il est désormais indispensable de bénéficier d’un soutien technique et pérenne (en particulier pour prendre en charge le copy-editing). Nous attendons à présent des actions concrètes dans ce sens, afin de garantir la durabilité et l’efficacité de nos actions.

En conclusion, le succès de JTCAM repose sur l’engagement de chercheur·se·s passionné·e·s et convaincu·e·s. Je suis persuadée que même les initiatives modestes peuvent entraîner des changements significatifs dans nos pratiques de publication et de collaboration. Il est essentiel de sensibiliser les jeunes chercheurs à ces nouveaux modèles et de les encourager à y participer activement. En unissant nos efforts, nous pouvons construire un système de publication plus juste, aligné sur les valeurs fondamentales de la science : transparence, accessibilité et collaboration.

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